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samedi 20 septembre 2025

Zoom sur le projet "La boîte noire - Tentative de cerner la question"

Ce qu'est La Boîte noire ? Pourquoi "Tentative de cerner la question" ? Tout se combine à partir du moment où je dois exposer à l'oral, en 2021, dans le cadre de la validation d'une formation universitaire, le fruit d'une recherche thématique en histoire de l'art contemporain - arts plastiques - anthropologie. Des feuilles de papier carbone griffonnées et chiffonées, des dessins d'étude sur calque, des textes denses imprimés par erreur, des photos réunies la même année dans un livre "éventail" relié à la main, un très petit recueil de poèmes brefs, un ensemble de paysages imaginaires couleur de cendres... et une boîte d'archivage noire, en carton, achetée pour tout contenir durant le voyage en métro, jusqu'à la salle de soutenance de la faculté. 

La boîte s'est ouverte, son contenu hétéroclite a été présenté, commenté, rangé, puis la boîte s'est refermée pour ne plus s'ouvrir avant deux ans et demi. Deux ans et demi, c'est le temps qu'il m'a fallu pour mettre à distance les remarques d'autrui que je n'ai toujours pas comprises, et qui me démangent, de mettre à distance aussi mes propres critiques, mes doutes et ma batterie de remises en question. Un temps où fut mise à profit une forme cathartique du vide. Un vide qu'il a fallu combler, pas le choix !, avec la création d'autres formes, elles aussi arborescentes. Deux ans et demi, pour s'apercevoir de la persistance aiguë de la question suivante : pourquoi cette/ ma connexion avec le végétal, cet intérêt à la fois profond et superficiel car il ne se préoccupe pas du tout de la taxinomie scientifique ? Je veux dire, par exemple, j'aime les arbres pour leur hauteur, leur frondaison, leur écorce ! Pourtant, je ne peux en reconnaître que 10 ou 15, guère plus. Les fleurs me fascinent... Mais de combien d'entre elles suis-je capable de citer le nom ordinaire ?

Tenter de cerner la question, c'est se lancer vers, tendre vers et considérer que de tout ce qui est fait sur le chemin, explorations, expérimentations, que de tout cela, il peut germer quelque chose. Que la chose recherchée est informée par la quête elle-même. La boîte noire se veut l'illustration de l'idée que je souhaite défendre et qui est celle-ci : que la recherche - création sur le motif de l'Arbre se nourrit de ces/ mes incessants va-et-vient ou rebonds ou chutes ou encore contrepoints, élargissements...

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Regards sur quelques-unes de ces explorations, expérimentations, élargissements, rebonds, chutes.


Le livre - typo  Mes essences vives
 
Croisement entre l'exploration la plus large et la plus ludique de la reliure à spirales en plastique et la poursuite d'une recherche formelle sur la lettre dessinée à la main. Pourquoi cet engouement pour ce type de reliure ? Car engouement il y a. J'utilise de plus en plus ce type de reliure, bien aidée par la relieuse - perforeuse dont je me suis équipée il y a déjà plusieurs mois. Donc, pourquoi cet intérêt ? Très certainement parce que, ramenée aux travaux d'impressions universitaires, elle a pu être perçue négativement, j'ai eu envie d'en faire un nouveau territoire d'investigations. La spirale en plastique se présente dans de nombreux coloris et dans des diamètres variés, ce qui augure bien des réflexions... Quelques mots sur l'emploi de la lettre dans ce livre particulier : ici, les pages sont des lettres et les lettres forment une bribe... que l'on peut ou pas vouloir poursuivre pour soi-même... Il y a dans cet objet comme une invitation à déchiffrer avec les mains.
 
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Le livre - triptyque  #004700
 
Imaginer une manière particulière d'accéder à de l'information poétique et iconographique. Il n'est pas question ici de détourner mais plutôt de reprendre les codes de présentation d'un catalogue d'exposition qui date un peu, et cela, pour un usage consciement esthétique autant que pratique. Le livre propose une errance organisée dans trois chapitres distincts. Ces chapitres distincts ont comme pour point commun d'offrir chacun une ouverture sur mon expérience relationnelle avec la Nature et la matière arboricole de ma mémoire. L'errance tactile est, en particulier, soutenue par le recours à trois supports d'impression différents.
 
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Livre - inventaire Nouvelle caractérologie
 
Chercher à adapter une oeuvre propre pour qu'elle trouve sa place dans un nouvel espace à la fois poétique et géographique : je dresse des inventaires d'arbres imaginaires à l'aide d'outils graphiques privilégiant le trait, la ligne, d'une part, la couleur noire, d'autre part. J'en fais une première présentation sur des pages d'imprimante reliées les unes aux autres par des morceaux de scotch opaque ; l'ensemble se déploie à la fois comme un livre et comme une affiche qui mesure, une fois l'emsemble des pages dépliées, 1,10 m sur 1,80 m. Je réinterroge l'élan créateur à l'origine de ces formes arboricoles : composer des portraits. J'en fais pour le Salon Made Anywhere (2) un carnet aux feuilles cousues présentant des arbres noirs rehaussés de peinture dorée. La précarité et la modestie de l'oeuvre de départ sont rejouées lorsque j'ajoute une couverture en papier translucide qui doit être manipulée sous les doigts avec précaution, au risque d'y laisser ses empreintes digitales.
 
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 Livre - monotype  Les bras tendus et Au rendez-vous

Petit carnet relié présentant au fil des pages que l'on tourne des traces de couleur noire, au dessin varié, le livre - monotype propose une expérience tactile, poétique et ludique. La pulpe de chaque doigt est ici tout-à-fait sollicitée ; le regard se doit d'être en permanence en éveil car il a compris que des bribes de mots, de textes, se cachent, mais qu'aucune logique ne prévaut à l'ordre dans lequel elles surgissent sur la page en papier grenu et épais. En amont de la création de ces pages, d'abord, l'expérience de la gravure monochrome à partir d'une matrice ronde, en bois - l'intérêt pour la répétition du geste qui ne s'imprime jamais vraiment parfaitement à l'identique est titillé -, et puis, le hasard de la découpe qui redessine l'aspect des empreintes sur le papier blanc.
 
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 Livre - boîte à images  Arboraissances

Déjà présentée ailleurs dans un autre article, cette création de petit format s'amuse à proposer diverses images - fragments de dessins et d'impressions d'art réalisées sur une multitude de papiers (kraft brun, papier calque opaque, papier gravure, papier photo...) Elle peut être considérée selon le point de vue de celui qui la tient en main : archivage d'une expérience en atelier d'édition parisien, ou invitation à jouer, seul(e) ou à plusieurs, avec des images propices au déclenchement de discussions, de rêveries, ou encore, tout simplement, objet d'art particulier, un petit quant - à - soi coloré de poche. Un texte un peu drôle accompagne ce lot d'images insolites : arbres imaginaires, groupes de filles rigolotes, photo  floue de vraies feuilles...
 
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 Livre - leporello Promenons-nous...

Sur quelques mètres, le regard du spectateur se promène de paysages cendrés en paysages naïfs, il tombera en chemin sur une paire de bottes, sur le tronc d'un arbre, sur une fille en rouge. A moins que ce ne soit la fille en rouge qui tienne le spectateur par le bout du regard pour l'amener jusqu'à la fin... La forme du leporello est vastement explorée dans ma création de livres uniques. Depuis que je connais l'album sur Paris Vues d'ici de Joëlle Jolivet ou les livres-musées de Kvétà Pacovska tels que Couleurs du jour, je ne manque pas une occasion de me livrer à de rigoureux pliages à qui mieux - mieux, dans la perspective de pouvoir déplier les pages les unes après les autres, et de déployer le dessin, une narration sans textes...
 
A suivre... 

© ema dée

mercredi 10 septembre 2025

Lire La Femme au Salon Made Anywhere (2) : entre perfomance individuelle et lecture collective.

Performer un texte personnel devant un public nouveau et proposer une collaboration de lecture à voix haute dans un contexte inédit, c'est ce que le Salon Made Anywhere (2) m'a permis d'explorer dimanche dernier.

La performance, le poème-liste La femme polymorphique lu durant 15 minutes accompagné de la diffusion d'un enregistrement de mes lectures du même texte, est suivie d'une invitation :  sous ma direction, le public peut lire à son tour un fragment de ce chant. Au sein de la Black Box, l'une des pièces mises en place par le salon, que l'on installe selon son besoin de rencontre et de création avec/ pour le public, elles furent huit femmes à accepter le voyage depuis son commencement. D'abord assises sur des chaises ou de larges chauffeuses grises, elles m'ont écoutée performer dans un silence respectueux, qui m'a encouragé à donner de la voix. Pour sa part, la lecture collective "improvisée" se déroula en trois phases :

- L'échauffement : exercices respiratoires et gestes de sophrologie se combinent afin de préparer le haut du corps, la gorge, la mâchoire, à lire, scander, répéter sans fatigue ;

- L'entraînement : une lecture articulée texte en mains (1er groupe), une diction en choeur sur un rythme lent - le mot Femme est dit plusieurs fois sur quatre temps (2ème groupe), et une sorte d'appel sur un rythme dynamique, vivant (le même mot est lancé, proféré - projeté ; puis, il sera murmuré avec douceur) ;

- La lecture collective :  elle se fait strophe par srophe, suivant la mise en page du poème dans le livre. Au cours de cette première proposition, chaque groupe tient son rôle, à l'écoute de sa propre voix et de celles de ses voisines. Avec certains mots du poème comme points de repère, mes huit femmes chantent, se répondent, s'accompagnent, lient leurs voix.

Dans une ambiance intimiste, baignée de blanc de jaune de bleu, j'ai vécu tous ces instant à la fois joyeuse et fière, portée autant par mon audace que par l'opportuité qui m'a été offerte : mes lectrices ont lu et performé à l'unisson avec un vrai enthousiasme. A leur côté, j'ai joué le rôle de cheffe de coeur totalement à l'écoute de leur présence généreuse. Merci notamment à Geneviève, Ophélie, Phil, Juliette et Emmanuelle !

Quelques heures à peine m'auront suffi, finalement, pour accepter l'invitation lancée par  la scène des pratiques artistiques éditoriales, installée à Romainville, en Seine-Saint-Denis du 5 au 7 septembre : proposer un événement artistique lors de ses trois jours d'ouverture. Une fois l'idée acceptée par la Team du salon, réunie autour de Nicholas Vargelis, il m'a fallu rassembler le matériel nécessaire et me replonger dans un texte que je n'avais pas lu depuis au moins quatre ans :

- le poème-liste La femme polymorphique imprimé, qui, pour l'occasion, se présente à la manière d'un très très très long ticket (Une lectrice me dira, à raison, avoir pensé à quelque chose de mécanique, d'automatique.) ;

- un lecteur - enregistreur de cassettes à bandes magnétiques ;

- le texte de présentation publié dans le livre La femme polymorphique, volontairement caviardé avec un feutre argent (une de mes couleurs - totems) ;

- une tenue de scène en résonance avec la charte graphique du recueil, rose - bleu - vert - blanc - noir ; 

- un haut-parleur pour faire mon annonce quelques minutes avant ma lecture performée ;

- et, trois exemplaires de mon livre à prêter à trois personnes dans le public, lors de la création vocale collective. 

Je ne cache pas avoir ressenti de la fébrilité au moment de mon annonce, de l'impatience, un doute, puis, lorsque j'ai commencé à performer, de la gêne - mon lecteur-enregistreur refuse de fonctionner à cet instant, mon installation micro- enregistreur se révèle inefficace... Pour autant, je resterai concentrée sur le sens que je veux donner à ma proposition artistique, et sur le contenu que je veux offrir à mon auditoire, durant l'heure que le salon Made Anywhere (2) m'a reservée. 

Enfin, à un moment donné - attendu - , tout démarre... et c'est parti !

Mon seul regret ? Ne pas avoir programmé l'enregistrement du chant de femmes de mes lectrices ! A défaut, on peut découvrir une version de ma lecture de ce poème, publiée en 2019 sur la plateforme d'écoute Soundcloud : La femme polymorphique

© ema dée -  photos © geneviève hergott et ema dée